La Pêche artisanale

Rubrique Economie

Apport des migrants dans l’économie mauritanienne : un quartier nommé « Kouva » à Nouakchott

Kouva : Un Quartier Vivant de Nouakchott

À Nouakchott, le nom de « Kouva » est synonyme de vie et d’activité. Situé dans le quartier animé de Sebkha, l’un des neuf départements du District de Nouakchott. Il est vrai que l’Océan Atlantique étale non loin de là, sa robe tantôt verdâtre, tantôt sombre. Mais « Kouva » c’est surtout le lieu de concentration des pêcheurs sénégalais de Guet Ndar et les pêcheurs Thioubalo* de Mauritanie. Ici, l’odeur du poisson est forte. De par-dessus les concessions, débordent d’innombrables filets de pêches et des morceaux de pirogues éventrées au milieu de ruelles sinueuses et souvent bondées de monde.

Les pêcheurs de Guet NDar, véritables acteurs de la pêche traditionnelle en Mauritanie

Des accords conclus entre la Mauritanie et le Sénégal permettent aujourd’hui à plus d’un millier de pêcheurs de Guet NDar (Saint-Louis), d’opérer dans les eaux mauritaniennes. Ce sont exactement quelques 500 licences de pêches qui sont délivrées chaque année aux pêcheurs sénégalais. Ces deniers sont réputés être des experts dans un domaine où les Mauritaniens sont encore novices, car la plupart ayant vécu des décennies avant et après l’indépendance, le dos tourné à la mer. Seuls quelques rares pêcheurs « Thioubalo » peuvent faire concurrence, la plupart ayant quitté les rivages du Fleuve Sénégal aux poissons douces pour se rabattre sur les côtes atlantiques de Nouakchott.

L’apport de la communauté sénégalaise, qui représente l’une des plus importantes colonies de migrants en Mauritanie, entre 400 et 600.000 selon les estimations, participe à l’économie de leur pays d’origine mais aussi à celle de leur pays d’accueil, la Mauritanie.

En effet, 90% des pêcheurs sénégalais sont versés dans la pêche à la sardinelle, créant au passage des milliers d’emplois directs et indirects. C’est l’affirmation faite par Issa Diop, président de la coopérative des pêcheurs du Filet tournant (sardinelle) à la plage de Nouakchott. Au milieu des « Ho ! Hiss » sortis d’une vingtaine de poitrines hissant une pirogue sur la terre ferme, des dizaines de vieilles 404 attendent leurs cargaisons pour les livrer dans les différents marchés de Nouakchott.

D’autres espèces jugées plus nobles que le « Yaye-boy » (autre nom de la sardinelle) sont également échangées au marché aux poissons de la plage de Nouakchott, comme le « Tiof », le « Kibarou », le « Seuk » ou encore la « Courbine » à côté des produits à grande valeur commerciale comme les poulpes, les crevettes et les langoustes.

Mais avec des quantités énormes pêchées chaque jour, la sardinelle encore appelée le « poisson du pauvre » est le plus accessible aux populations de Nouakchott, le kilo ne dépassant guère 10 à 20 MRU à la plage. Ailleurs, dans les marchés, le prix est encore plus cher, mais toujours à la portée des petites bourses.

Toute cette production participe au secteur de la pêche, qui représente en moyenne 6 à 10% du PIB mauritanien, 25 à 30% des recettes budgétaires et plus de 50% des recettes d’exportation. Le secteur dispose d’un potentiel annuel de 1.800.000 tonnes de poisson, toutes espèces confondues, sans affecter la gestion durable de la ressource, selon un reportage d’Africa 24.

En 2022, selon cette chaîne de télévision, 650.000 tonnes ont été exportées. La Mauritanie assure ainsi, d’après les sources du Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime, 25% de la production totale des ressources halieutiques du continent africain.

Cependant, la faiblesse du tissu industriel dans le domaine de la transformation des produits de la mer reste un défi et constitue un domaine attractif pour les investisseurs. La Mauritanie a pris dans ce cadre des engagements d’investir environ 49 Milliards d’UM dans des projets structurants dont 72% destinés à la valorisation du potentiel productif. Le secteur de la pêche assure 66.000 emplois directs et trois fois plus en termes d’emplois indirects

Insuffisance professionnelle des Mauritaniens, une aubaine pour les migrants

L’apport de la main d’œuvre étrangère en Mauritanie ne se limite pas seulement au secteur de la pêche, dominée par les Sénégalais, mais embrasse plusieurs secteurs.

En effet, selon un diagnostic du marché du travail mené par le Centre Mauritanien d’Analyses Politiques (CMAP) en collaboration avec la Banque mondiale, la moitié des entreprises mauritaniennes peinent à trouver des compétences nationales dans les professions hautement qualifiées, telles les BTP, la pêche et l’agriculture en particulier.

Ces secteurs sont ceux qui emploient plus de main d’œuvre étrangère, contribuant ainsi à l’économie nationale dans le domaine des infrastructures urbaines, l’industrie de transformation et le développement rural.

Ainsi, selon une étude menée par le Bureau International du Travail (BIT) dans le cadre du projet AMEM, 94,4% des employeurs ont des difficultés de recrutement sur le marché local dans les métiers en tension dans le secteur des BTP (maçon, carreleur, plâtrier, charpentier, peintre).

Les travailleurs migrants profitent aussi du refus des Mauritaniens à exercer certains travaux, pour des raisons liées souvent aux conditions de travail inadéquates, telles que les longues heures de travail, des faibles revenus salariaux ou la stigmatisation sociale par rapport à certains métiers manuels.

Ainsi, la Mauritanie abrite une importante colonie de migrants venant des pays limitrophes au Sud du Sahara, comme le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, le Mali et la Guinée, mais également des Ghanéens, Sierra Léonais, Libériens, Burkinabé, Congolais des deux rives, Soudanais, etc.

Des migrants employeurs

A côtés des travailleurs migrants, les dix dernières années ont vu l’affluence de plusieurs migrants qui sont venus investir des capitaux en Mauritanie. Ceux-ci participent directement dans l’employabilité des jeunes et le budget de l’Etat, à travers différents impôts et taxes, mais aussi dans la protection sociale, sans compter leur apport dans le domaine de l’immobilier et des dépenses diverses.

Ces migrants employeurs dominent ainsi le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, de la restauration surtout et pénètre de plus en plus dans le commerce en gros, légumes et boucherie. Ce secteur est surtout dominé par les ressortissants du Maghreb (Marocains, Algériens, Tunisiens) avec l’arrivée encore timide mais déjà visible des Turcs, des Chinois et des Egyptiens.

Les statistiques sont encore quasi inexistants dans l’apport en termes financiers des migrants toute catégorie confondue dans l’économie nationale, mais certaines estimations parlent d’un apport assez consistant dans le PIB mauritanien.

Cheikh Aïdara

* Dans la culture peule (ou fulani), le terme « Thioubalo » est utilisé pour désigner les pêcheurs. Les Peuls sont un groupe ethnique largement présent en Afrique de l’Ouest, et bien que beaucoup soient traditionnellement des éleveurs nomades, certaines communautés peules se sont également spécialisées dans la pêche.

Les pêcheurs peuls, ou « Thioubalo, » jouent un rôle essentiel dans leurs communautés, notamment celles situées près de cours d’eau, lacs, et côtes. Ils utilisent des techniques de pêche traditionnelles transmises de génération en génération, contribuant ainsi à la subsistance et à l’économie locales.

Article 7 : Mauritanie, 90 milliards MRO de perte due à la malnutrition

Rubrique Santé

Mauritanie, 90 milliards MRO de perte due à la malnutrition

La malnutrition, une carence, excès ou déséquilibre dans l’apport énergétique ou nutritionnel d’une personne, fait des ravages partout dans le monde, notamment en Mauritanie, où les chiffres de l’enquête SMART 2018 et de l’EDS 2019-2020 sont alarmants.

Un lourd coût économique et sanitaire

Dans le domaine de la santé, la malnutrition est la cause de 45% des décès infantiles et 60% des maladie d’enfants en Mauritanie. Elle est également la cause de 3% des redoublements à l’école d’enfants souffrant d’un retard de croissance et qui perdent deux années scolaires.

Sur le plan économique, les études ont montré que 44% de la population active mauritanienne ont souffert d’un retard de croissance pendant l’enfance, d’où une perte de 13% du PIB.

A cause aussi de la malnutrition, la Mauritanie perd chaque année 9 Milliards MRU, soit 41 millions de dollars.

Causes de la malnutrition

Les causes de la malnutrition sont multiples, telles que les maladies infantiles récurrentes (diarrhée, fièvre, paludisme), des mauvaises conditions d’hygiène, d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Il y a également les pratiques d’alimentation inappropriées du nourrisson et du jeune enfant, des régimes alimentaires peu diversifiées avec un affaiblissement du pouvoir d’achat des ménages vulnérables combinés à des chocs majeurs.

La malnutrition se manifeste aussi par un surpoids ou obésité, 44% chez les femmes adultes.

Données sur la malnutrition en Mauritanie

La malnutrition prend plusieurs formes toutes plus dangereuses les unes que les autres. La malnutrition aigüe touche environ 11,2% des enfants mauritaniens, dont 1,8% de cas sévères. Il y a aussi la malnutrition chronique qui correspond au retard de croissance et qui touchait en 2019, 19,5% des enfants de moins de 5 ans, contre 22% en 2012.

L’allaitement maternel exclusif est passé de 36% en 2016 à 47% en 2019, alors que l’anémie chez les femmes enceintes a atteint 45%.  Des études ont montré que l’allaitement maternel exclusif permet d’éviter 1.000 décès d’enfants de moins de 2 ans par an ainsi que 60 décès maternels dus au cancer et au diabète tout en faisant gagner à l’Etat 340.000 dollars par an,

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